Pays charnière entre l’Afrique et le Proche-Orient, le Soudan vit depuis son indépendance en 1956 une succession de périodes d’instabilité politique, en particulier dans ses marges (Eastern Front, Darfour, Kordofan et Nil Bleu). Malgré l’indépendance du Soudan du sud (juillet 2011), et les révoltes économiques et politiques menant à la destitution le 11 avril 2019 d’Omar Al-Bechir qui a dirigé d’une main de fer le pays pendant trois décennies (1989-2019), le Soudan s’enfonce dans une grave crise politique, sociale et économique, exacerbée fin 2018 par un déficit de redistribution des ressources, la baisse des ressources générées par le pétrole, et une inflation galopante. Le nouveau gouvernement civilo-militaire doit mener une transition politique et économique périlleuse, sous la menace d’une force mercenaire soutenue par l’Arabie Saoudite et enrichie par les trafics et les pillages.

Dans ce contexte persistant de violations des droits fondamentaux et d’insécurité, la jeunesse des régions marginalisées, sans perspectives d’avenir, reste soumise à la tentation de rejoindre les mercenaires opérant dans les pays voisins, de la Libye au Yémen, et continue de prendre le chemin de l’Europe, alimentant des réseaux de passeurs à travers la Libye ou l’Égypte, et s’exposant .aux pires dangers, de la torture à la réduction en esclavage et aux périls de la traversée de la Méditerranée.